GénérationKalach: La face cachée des cités (Bande Originale Du Documentaire) | Maximilien Mathevon. Stream and download in Hi-Res on and download in Hi-Res on Qobuz.com Streaming plans Download store Magazine Our applications
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GĂ©nĂ©ration Kalach" est une enquĂȘte inĂ©dite sur le banditisme dans les quartiers. Elle montre les faces cachĂ©es des citĂ©s. Entre les fusillades, les affrontements entre bandes et des
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PureTV. September 29 at 10:30 AM ·. GĂ©nĂ©ration Kalach : la face cachĂ©e des citĂ©s, le documentaire exclusif, au cĆur des quartiers sensibles marseillais. C'est ce soir Ă 21h05 sur RMC Story. 3:22.
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PsZJ. Index Plan Texte Notes Citation Auteur EntrĂ©es dâindex Haut de page Texte intĂ©gral 1Au cours du XXe siĂšcle, la jeunesse sâaffirme dans les reprĂ©sentations collectives comme une pĂ©riode clairement identifiĂ©e entre lâenfance et lâĂąge adulte. Cette reconnaissance sociale dâune classe dâĂąge sâexplique aisĂ©ment par diffĂ©rents facteurs, comme lâallongement de la durĂ©e des Ă©tudes, les relations nouvelles entre parents et adolescents dans un cadre de vie urbain ou encore la promotion de lâimage de la jeunesse dans la publicitĂ© et les mĂ©dias. Mais lâaffirmation de la jeunesse se double Ă©galement de la revendication dâune culture spĂ©cifique. Le jeune se distinguerait des autres classes dâĂąges par une culture commune, qui dĂ©passerait les clivages sociaux. ConsĂ©quence de lâĂ©mergence de la culture de masse, cette culture jeune », dâabord musicale, ensuite cinĂ©matographique et audiovisuelle, est lâun des aspects les plus marquants de lâhistoire culturelle du monde occidental dans la seconde moitiĂ© du XXe siĂšcle â au mĂȘme titre que lâĂ©mergence de la culture de masse ». Et pourtant, Ă la diffĂ©rence des spĂ©cialistes dâautres sciences sociales, les historiens du temps prĂ©sent » ont assez peu investi ce domaine. Cette brĂšve prĂ©sentation historiographique tentera dâexpliquer cette lacune puis dĂ©gagera, en guise de conclusion, de nouvelles pistes de recherches. Les caractĂ©ristiques de la culture jeune » 1 Voir Yolande Cohen, Les Jeunes, le socialisme et la guerre. Histoire des mouvements de jeunesse en ... 2 Voir notamment François Audigier, GĂ©nĂ©ration gaulliste. LâUnion des jeunes pour le progrĂšs, une Ă©co ... 3 Cf. Thierry CrĂ©pin, âHaro sur la gangster !â. La moralisation de la presse enfantine 1934-1954, Par ... 2LâidĂ©e dâune spĂ©cificitĂ© de la jeunesse va de pair avec lâaffirmation de pratiques culturelles qui, au cours du XXe siĂšcle, deviennent de plus en plus autonomes. Dans la premiĂšre moitiĂ© du siĂšcle, les jeunes sont encore prĂ©sentĂ©s comme passifs dans leur rapport Ă la culture. Câest le monde adulte » qui prend des initiatives culturelles en direction de la jeunesse. Les mouvements de jeunesse connaissent alors leur essor, reproduisant la diversitĂ© des engagements des aĂźnĂ©s au scoutisme et Ă lâaction catholique, rationalisĂ©e Ă la fin des annĂ©es 1920 autour des sections spĂ©cialisĂ©es de lâACJF JAC, JOC et JEC..., rĂ©pond le rĂ©seau des amicales et des oeuvres laĂŻques, oĂč lâinfluence socialiste est forte1. De leur cĂŽtĂ©, les organisations politiques et syndicales se dotent de structures spĂ©cifiques pour encadrer les jeunes et renouveler leurs viviers militants â ce fait est bien connu depuis les travaux dirigĂ©s par Gilles Le BĂ©guec2. Mais le symbole le plus rĂ©pandu de cette premiĂšre culture jeune, câest le livre pour enfants, câest-Ă -dire une littĂ©rature produite par des adultes et rigoureusement encadrĂ©e, comme en tĂ©moigne lâadoption en 1949 de la loi protectrice sur les publications Ă destination de la jeunesse »3. Comme lâĂ©cole et la famille, cette production culturelle Ă destination des jeunes rĂ©pond dâabord Ă un souci Ă©ducatif. 4 Cf. Jean-Yves Sabot, Le Syndicalisme Ă©tudiant et la guerre dâAlgĂ©rie lâentrĂ©e dâune gĂ©nĂ©ration en ... 5 Voir Laurent Besse, Les Maisons des jeunes et de la culture 1959-1981 Etat, association, munici ... 3Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la situation Ă©volue. Les Ă©tudiants sâengagent plus activement, dâabord dans un syndicalisme revendicatif, ensuite dans certains combats de la CitĂ© la guerre dâAlgĂ©rie4. Ils incarnent ainsi une forme spĂ©cifique, quoique minoritaire, dâune action civique de la jeunesse. Au mĂȘme moment, les rĂ©seaux dâĂ©ducation populaire prennent conscience que les attentes de lâadolescent ou du jeune adulte sont diffĂ©rentes de celles de lâenfant, et quâelles supposent donc des mĂ©thodes et des pratiques plus adaptĂ©es sâenclenche ainsi le processus qui conduit Ă la crĂ©ation des maisons des jeunes et de la culture », au dĂ©but des annĂ©es 19605. Les mĂ©dias diffusent une nouvelle image de la jeunesse â plus autonome, plus rebelle, plus inquiĂ©tante aussi. Lâacteur amĂ©ricain James Dean devient le symbole de la fureur de vivre » dâune fraction de la jeunesse occidentale â une fureur » qui reste souvent Ă lâĂ©tat de simple fantasme. RĂ©vĂ©lĂ©e Ă dix-neuf ans avec son rĂ©cit Bonjour tristesse, Françoise Sagan apparaĂźt, elle aussi, comme le vecteur dâune certaine image de la jeunesse, avec ses angoisses et ses excĂšs. Ă partir de 1958, la Nouvelle Vague du cinĂ©ma français met en scĂšne une jeunesse dont les diffĂ©rents protagonistes suggĂšrent le mĂȘme esprit dâinsoumission et de refus du monde adulte câest bien lĂ le seul point commun entre lâenfant fugueur des Quatre cents coups François Truffaut, les Ă©tudiants provocateurs des Cousins Claude Chabrol et le jeune criminel en cavale dâĂ bout de souffle Jean-Luc Godard. Et câest un public jeune qui assure Ă ces films un succĂšs public indĂ©niable qui renouvelle en profondeur le cinĂ©ma français. 6 Voir, sur ce point, la mise au point de Jean-François Sirinelli, Le coup de jeune des sixties », ... 4Câest pourtant Ă propos de musique que les contemporains emploient lâexpression culture jeune », au dĂ©but des annĂ©es 1960. La diffusion du rock anglo-amĂ©ricain et son acclimatation Ă lâindustrie musicale française, sous la forme du yĂ©yĂ© », ont jouĂ© un rĂŽle de ciment identitaire Ă une classe dâĂąge â Ă tel point quâon a pu parler de gĂ©nĂ©ration Salut les copains », du nom de lâĂ©mission radiodiffusĂ©e, lancĂ©e sur Europe n° 1 en 19596. Cette nouvelle culture musicale se distingue clairement de celle qui est destinĂ©e aux enfants alors trĂšs limitĂ©e, la chanson pour enfants se dĂ©veloppant surtout Ă la fin des annĂ©es 1960 et, a fortiori, des modĂšles culturels des adultes. Cette culture devient un phĂ©nomĂšne gĂ©nĂ©rationnel, parce quâelle sâinscrit dans une logique de masse. Câest dâailleurs au moment oĂč les baby boomers arrivent de façon massive Ă lâĂąge de lâadolescence que ce phĂ©nomĂšne apparaĂźt. La jeunesse est ainsi clairement considĂ©rĂ©e comme un marchĂ©, qui justifie un investissement important de la part des industries culturelles le disque, avec Barclay, mais aussi le cinĂ©ma et la radio. Celles-ci ont ainsi tout intĂ©rĂȘt Ă flatter des aspirations identitaires qui assurent un succĂšs inĂ©dit Ă leurs productions. De fait, les textes des chansons et des journaux Ă destination de la jeunesse jouent Ă la fois sur lâidentification du public Ă ses idoles et sur la communautĂ© dâĂąge face Ă un monde adulte considĂ©rĂ© comme extĂ©rieur, voire hostile. La culture jeune » repose sur une mise en scĂšne du conflit des gĂ©nĂ©rations et sur la logique communautaire, quâillustre bien le succĂšs des grands rassemblements festifs la nuit des copains », le 22 juin 1963 place de la Nation Ă Paris, annonce les concerts mythiques de Woodstock ou de lâĂźle de Wight. 5Cette culture est jeune Ă la fois par le public quâelle vise, mais aussi par les mĂ©dias quâelle utilise. Il sâagit bien dâune culture audiovisuelle qui apparaĂźt alors comme neuve », supportĂ©e par les mĂ©dias de masse â et principalement par la radio. La musique en est lâexpression privilĂ©giĂ©e, ce qui sera confirmĂ© lors des dĂ©cennies suivantes. La pop music, puis le punk, la new wave, le rap, la techno deviendront les symboles identitaires de certaines fractions de la jeunesse du dernier tiers du XXe siĂšcle. Autour de la musique se greffent ainsi des comportements individuels et collectifs spĂ©cifiques qui aspirent non seulement Ă dĂ©passer les clivages sociaux, mais aussi les frontiĂšres nationales. La culture jeune » est, en effet, une culture internationale, Ă dominante anglo-saxonne câest lâun des grands vecteurs de la mondialisation â ou, plutĂŽt, de lâamĂ©ricanisation â de la culture. Premiers regards sur la culture jeune » 6Traditionnellement, la presse diffuse auprĂšs du grand public des images spĂ©cifiques â et souvent inquiĂ©tantes â de la jeunesse. DĂšs le XIXe siĂšcle, lâimaginaire collectif sâest constituĂ© de jeunes criminels, vagabonds ou simplement dĂ©viants, en rupture avec lâordre social. Des Apaches de la Belle Ăpoque aux blousons noirs » de la fin des annĂ©es 1950 et, enfin, aux jeunes des banlieues », dont la violence est rĂ©vĂ©lĂ©e par les premiers Ă©tĂ©s chauds » dans lâagglomĂ©ration lyonnaise au dĂ©but des annĂ©es 1980, tous alimentent un sentiment dâĂ©trangetĂ© et dâinsĂ©curitĂ©. Les journalistes Ă©prouvent dâailleurs la mĂȘme incomprĂ©hension face Ă certaines formes prises par la culture jeune ». Les dĂ©buts du rock en France ont Ă©tĂ© assimilĂ©s au phĂ©nomĂšne des blousons noirs », les articles sur la culture pop Ă©voquaient complaisamment lâusage des drogues â tandis que la couverture mĂ©diatique du rap et de la techno mentionne volontiers certaines dĂ©rives lâinsĂ©curitĂ© urbaine ou le dĂ©bordement des raves. Mais, au fil des dĂ©cennies, les grands news-magazines prĂ©fĂšrent mettre en avant des incarnations plus consensuelles de la culture jeune » â consensuelles au point de fĂ©dĂ©rer les adolescents et leurs parents que lâon songe aux reprĂ©sentations mĂ©diatiques rĂ©currentes du culte dont furent successivement lâobjet, dans les deux derniĂšres dĂ©cennies du XXe siĂšcle, Jean-Jacques Goldman, Daniel Balavoine ou Patrick Bruel. Au fur et Ă mesure que la crise sociale sâĂ©tend, lâimage dominante du jeune, de ses valeurs, de sa culture devient rassurante â comme sâil fallait suggĂ©rer que le temps du conflit de gĂ©nĂ©rations est terminĂ©. 7 CitĂ© par Michel Winock, Chronique des annĂ©es soixante, Paris, 1990, p. 99. 8 Idem, p. 101-102. 9 Edgar Morin, LâEsprit du temps, Paris, 1962. 7Câest principalement au dĂ©but des annĂ©es 1960 que la culture jeune » suscite les analyses les plus passionnĂ©es, dans les quotidiens populaires comme dans les revues intellectuelles. Des intellectuels de renom sâattachent Ă dĂ©crire une culture quâils ne comprennent pas. Dans Les Nouvelles littĂ©raires, au lendemain de la nuit des copains » du 22 juin 1963, François Nourissier dĂ©crit ainsi cette gĂ©nĂ©ration qui se distingue radicalement de la prĂ©cĂ©dente â la sienne Voici que se lĂšve, immense, bien nourrie, ignorante en histoire, opulente, rĂ©aliste, la cohorte dĂ©politisĂ©e et dĂ©dramatisĂ©e des Français de moins de vingt ans »7. MĂȘme la revue Esprit, qui dĂ©cide de consacrer un dossier Ă la jeunesse en 1964 et cherche donc Ă comprendre ce phĂ©nomĂšne, reste dans un discours dĂ©prĂ©ciatif, que Michel Winock alors membre de la rĂ©daction reconnaĂźt vingt-cinq ans plus tard8. Parmi ces intellectuels, le sociologue Edgar Morin fait exception. Dans un article publiĂ© le 6 juillet 1963 dans Le Monde, il analyse en scientifique le phĂ©nomĂšne des copains ». Il montre notamment la rĂ©cupĂ©ration des aspirations identitaires de la jeunesse par les industries de la culture et du spectacle. Morin Ă©crit ainsi que lâadolescence surgit en classe dâĂąge dans le milieu du XXe siĂšcle, incontestablement sous la stimulation permanente du capitalisme du spectacle et de lâimaginaire ». Il Ă©numĂšre les Ă©lĂ©ments sur lesquels se cristallise cette identitĂ© gĂ©nĂ©rationnelle des vĂȘtements le jean, le polo, le tee-shirt, le blouson de cuir, diffĂ©rents biens de consommation lâĂ©lectrophone, la guitare Ă©lectrique, le transistor, le 45 tours, un vocabulaire spĂ©cifique. Il reprend au mĂȘme moment cette analyse dans LâEsprit du temps9 â prolongement de premiers travaux qui avaient plutĂŽt portĂ© sur la sociologie du cinĂ©ma. 10 Paul Yonnet, Jeux, modes et masses, 1945-1985, Paris, 1985. 11 Voir les travaux dâArmand Mattelart, notamment La Communication-monde. Histoire des idĂ©es et des st ... 12 Cf. François Dubet, La GalĂšre. Jeunes en survie, Paris, 1987. 13 Cf. Denis Cogneau et Olivier Donnat, Les Pratiques culturelles des Français, 1973-1990, Paris, 1990 14 Cf. P. Bourdieu dir., La MisĂšre du monde, Paris, 1993. Le succĂšs de cet ouvrage, qui fait la part ... 15 Voir, par exemple, les travaux de Bernard Lahire, La Culture des individus dissonances culturelle ... 8Par la suite, ce sont bien les sociologues â et non les historiens â qui, au sein des sciences humaines et sociales, mĂšnent les analyses les plus abouties sur cette culture jeune, au sein de travaux portant sur des domaines plus larges fonctionnement socio-Ă©conomique de la culture de masse10, mondialisation de la communication et des mĂ©dias de lâinformation et du divertissement11, sociologie de la production et des pratiques musicales... Depuis les annĂ©es 1980, les sociologues interrogent la notion de culture jeune » dont ils critiquent le fondement mĂȘme ne sâagit-il pas dâune construction mĂ©diatique commode, doublĂ©e dâintentions idĂ©ologiques rĂ©elles visant Ă masquer le maintien des barriĂšres de classes ? La culture jeune » ne serait-elle pas une illusion, entretenue Ă la fois par les mĂ©dias et lâindustrie culturelle, qui cacherait les difficultĂ©s sociales bien rĂ©elles dâune fraction importante de la jeunesse, que certains sociologues mettent alors en Ă©vidence ?12 Ces analyses critiques sâappuient sur les enquĂȘtes sur les pratiques culturelles des Français, lancĂ©es par le ministĂšre de la Culture Ă partir de 1973, qui soulignent lâhĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ© des pratiques culturelles de la jeunesse et le maintien des dĂ©terminismes sociaux dans le choix de ces pratiques13. Elle va de pair avec lâinfluence croissante de Pierre Bourdieu14 et la rĂ©habilitation de grilles dâanalyse marxistes dans les sciences humaines et sociales. MĂȘme si, au dĂ©but du XXIe siĂšcle, de nouveaux travaux nuancent cette conception trop mĂ©canique des pratiques culturelles et insistent notamment sur un rapport de plus en plus individualisĂ© Ă la culture15, ils poursuivent cette remise en cause thĂ©orique dâune culture jeune », trop homogĂšne et uniforme pour correspondre Ă une rĂ©alitĂ© de plus en plus mouvante. La raretĂ© des travaux historiques 16 Une vision synthĂ©tique est proposĂ©e par Philippe Poirrier, Les Enjeux de lâhistoire culturelle, Par ... 17 M. Crubellier, LâĂcole rĂ©publicaine 1870-1940. Esquisse dâune histoire culturelle, Paris, 1993 18 Th. CrĂ©pin, op. cit. 9Les historiens ont Ă©tĂ© plus rares que les sociologues Ă sâintĂ©resser Ă cette culture jeune ». Cette rĂ©ticence est dâautant plus surprenante que, depuis le dĂ©but des annĂ©es 1980, lâhistoire culturelle apparaĂźt comme lâun des secteurs les plus dynamiques de lâhistoriographie contemporaine16. Dans un premier temps, les travaux historiques ont surtout portĂ© sur la production culturelle Ă destination des enfants. Maurice Crubellier a ainsi mis en relation lâhistoire de lâĂ©ducation et lâhistoire culturelle notamment lâhistoire du livre et des reprĂ©sentations17. Plus rĂ©cemment, Thierry CrĂ©pin a Ă©tudiĂ© les publications Ă destination de la jeunesse au lendemain de la Seconde Guerre mondiale18 il a notamment montrĂ© comment les livres les plus diffusĂ©s les bandes dessinĂ©es et les pĂ©riodiques pour enfants notamment intĂ©graient les enjeux idĂ©ologiques de la guerre froide. 19 Voir notamment la thĂšse de Jean-Claude Caron GĂ©nĂ©rations romantiques 1814-1851. Les Ă©tudiants de P ... 20 L. Bantigny, Le Plus bel Ăąge ? Jeunes, institutions et pouvoirs en France des annĂ©es 1950 au dĂ©but ... 21 Sirinelli, Les Baby-boomers. Une gĂ©nĂ©ration 1945-1969, Paris, 2003 ; Sohn, Ăge tendre e ... 22 Rioux et Sirinelli dir., La Culture de masse [âŠ], op. cit. 10Depuis le dĂ©but des annĂ©es 1990, lâĂ©mergence de la jeunesse â notamment de la jeunesse Ă©tudiante â comme un objet privilĂ©giĂ© dâĂ©tudes historiques19 a confrontĂ© certains historiens Ă cette problĂ©matique de la culture jeune ». La jeunesse des annĂ©es 1950 a ainsi fait lâobjet de lâimportante thĂšse de Ludivine Bantigny20, qui met en Ă©vidence les prĂ©mices dâune culture jeune », qui reste encore hĂ©tĂ©rogĂšne. Les dĂ©terminismes familiaux et sociaux, les stratĂ©gies des diffĂ©rents producteurs de cette culture, le cadre dans lequel les pratiques sâeffectuent sont autant de facteurs de diffĂ©renciations. Cette dĂ©cennie est autant marquĂ©e par lâapogĂ©e des mouvements de jeunesse que par le rajeunissement des formes Ă©litaires de la culture littĂ©rature et surtout cinĂ©ma. Ces importantes analyses sont toutefois Ă©crasĂ©es par la place lĂ©gitime accordĂ©e Ă la guerre dâAlgĂ©rie qui constitue une expĂ©rience commune propre Ă dĂ©velopper une conscience gĂ©nĂ©rationnelle. Les jeunes des annĂ©es 1960 â autrement dit, les baby-boomers â se situent dans un contexte radicalement diffĂ©rent. Anne-Marie Sohn et Jean-François Sirinelli ont conduit des recherches parallĂšles et complĂ©mentaires21. Ils ont accordĂ© une place assez diffĂ©rente aux pratiques culturelles. Dâabord spĂ©cialiste dâhistoire des femmes et de la vie privĂ©e, Anne-Marie Sohn sâappuie essentiellement sur une enquĂȘte gouvernementale de 1966 et sur la correspondance reçue par lâanimatrice MĂ©nie GrĂ©goire qui anime Ă partir de 1967 sur RTL une cĂ©lĂšbre Ă©mission radiophonique interactive. Elle sâintĂ©resse surtout aux conflits entre vie privĂ©e et vie sociale des jeunes, et elle sâattache dâailleurs Ă rĂ©introduire des distinctions sociales dans le rapport des jeunes Ă lâĂ©ducation et Ă la culture. Les pratiques culturelles en elles-mĂȘmes sont assez rapidement Ă©voquĂ©es. Câest ce qui distingue sa dĂ©marche de celle de Jean-François Sirinelli, pour qui la culture et notamment la culture vĂ©hiculĂ©e par les mĂ©dias de masse est un facteur dĂ©cisif de la conscience gĂ©nĂ©rationnelle des baby-boomers. Une des trois parties de son ouvrage est consacrĂ©e aux petits princes de la planĂšte des jeunes ». Il y Ă©voque dâabord la littĂ©rature enfantine, puis le moment Salut les copains », oĂč se rejoignent Ă©mancipation culturelle et rĂ©volution morale et comportementale. La rĂ©fĂ©rence au modĂšle amĂ©ricain, qui sâincarne dans la figure du teenager, constitue Ă©galement un trait distinctif de cette jeunesse des annĂ©es 1960. Il sâagit lĂ dâun moment important dans lâhistoire de la culture de masse », une histoire longtemps nĂ©gligĂ©e mais qui commence Ă ĂȘtre explorĂ©e, comme en tĂ©moigne la publication en 2002 dâun ouvrage collectif, coordonnĂ© par Jean-Pierre Rioux et Jean-François Sirinelli22. Celui-ci Ă©voque notamment le coup de jeune des sixties » et lâimportance de la jeunesse dans un processus dâacculturation qui, dans le dernier tiers du XXe siĂšcle, gagne lâensemble de la population française. Ce sont bien les jeunes qui apparaissent comme les mĂ©diateurs dâune culture de masse, mondialisĂ©e et fondĂ©e sur lâimage et le son. 23 Voir JĂ©rĂŽme Bourdon, Haute fidĂ©litĂ©. Pouvoir et tĂ©lĂ©vision 1935-1994, Paris, 1994 ; HĂ©lĂšne Eck, La ... 24 Citons notamment les travaux de Ludovic Tournes sur lâindustrie du disque et les phĂ©nomĂšnes dâaccul ... 25 Mischka Assayas dir., Dictionnaire du rock, Paris, 2001. 26 Cette thĂ©matique a Ă©tĂ© abordĂ©e prĂ©cocement par les historiens, dans la foulĂ©e de Mai 68. Voir, par ... 11Aussi importants soient-ils, ces travaux restent marginaux dans lâhistoriographie contemporaine. La raretĂ© des Ă©tudes historiques sur la culture jeune » sâexplique avant tout par les reprĂ©sentations qui sous-tendent la lĂ©gitimitĂ© des objets dâĂ©tude dans le monde universitaire. La culture jeune » relĂšve dâun domaine longtemps dĂ©valorisĂ© et, par consĂ©quent, dĂ©laissĂ© par lâhistoire culturelle la culture de masse ». Dans leurs sources et leurs objets, les historiens sont longtemps restĂ©s prisonniers des hiĂ©rarchies implicites qui, au sein des productions culturelles, privilĂ©gient lâĂ©crit. Les Ă©crivains et surtout les intellectuels de lâĂ©poque contemporaine ont fait lâobjet de multiples ouvrages. En revanche, la culture populaire et surtout les formes audiovisuelles de celle-ci nâont soulevĂ© quâun faible intĂ©rĂȘt, sauf lorsquâelles sont liĂ©es Ă des questions qui semblent dâune autre importance. Ainsi, la radio et la tĂ©lĂ©vision ont suscitĂ© une abondante bibliographie qui sâest consacrĂ©e aux relations entre ces mĂ©dias et le pouvoir politique23. DĂ©laissĂ©es par les historiens, Ă quelques exceptions prĂšs24, les formes musicales de la culture de masse du XXe siĂšcle sont laissĂ©es Ă des Ă©rudits ou Ă des journalistes spĂ©cialisĂ©s. Aucun historien ne figure parmi les contributeurs dâun rĂ©cent Dictionnaire du rock, qui reprĂ©sente pourtant, par son sĂ©rieux et son exhaustivitĂ©, un ouvrage de rĂ©fĂ©rence sur cette question25. Contrairement au sociologue, lâhistorien sâintĂ©resse peu aux fans de Sheila, au tĂ©lĂ©spectateur dâHĂ©lĂšne et les garçons ou au lecteur de mangas. En revanche, il se sentira plus Ă lâaise pour Ă©tudier la figure du jeune politisĂ©, engagĂ© dans les combats de son temps26. JusquâĂ ces derniĂšres annĂ©es, câest par les travaux sur les Ă©tudiants ou sur les annĂ©es 68 » que lâon connaissait le jeune des annĂ©es 60. 12Ces rĂ©serves sont peut-ĂȘtre en train de sâaffaiblir, grĂące Ă lâaffirmation dâune histoire culturelle qui se focalise sur les phĂ©nomĂšnes de diffusion et de rĂ©ception de la culture. Subsistent, en revanche, les difficultĂ©s propres Ă un type dâhistoire qui suppose une multiplicitĂ© dâangles dâattaque pour saisir la globalitĂ© dâun phĂ©nomĂšne aussi complexe que la culture jeune ». Lâanalyse des fondements Ă©conomiques implique un travail sur des sources, que le milieu des industries culturelles est rarement disposĂ© Ă ouvrir au regard des historiens. Le travail sur les phĂ©nomĂšnes de rĂ©ception exige Ă©galement une collecte de tĂ©moignages oraux et de sources privĂ©es, qui devient plus difficile au fur et Ă mesure que lâĂ©poque Ă©tudiĂ©e sâĂ©loigne. Ces difficultĂ©s mĂ©thodologiques et documentaires ont pu ainsi dĂ©courager nombre dâinitiatives. En guise de conclusion, quelques pistes de recherche.. 13Les sources disponibles permettent toutefois de dĂ©gager des pistes de recherches encore peu explorĂ©es par les historiens français. Lâanalyse du contenu de la production culturelle de masse Ă destination de la jeunesse livres, disques, presse spĂ©cialisĂ©e pour adolescents, en plein essor Ă partir de la crĂ©ation de Salut les copains en 1962, Ă©missions de radio et de tĂ©lĂ©vision, sites internet... reprĂ©sente un corpus quasiment illimitĂ© pour Ă©tudier le discours, lâimaginaire et les mythologies de cette culture jeune » au cours du dernier demi-siĂšcle. Un traitement systĂ©matique de ce fonds documentaire sur la moyenne durĂ©e devrait permettre de suivre une Ă©volution significative, dâun discours uniformisateur au seuil des annĂ©es 1960 Ă lâĂ©clatement des rĂ©fĂ©rences culturelles de la planĂšte jeunes ». 14Autre thĂšme de recherche le regard portĂ© par le monde adulte » sur cette culture, longtemps considĂ©rĂ©e comme lâindice dâune dĂ©politisation de la jeunesse. Ce topos, qui parcourt lâensemble du XXe siĂšcle, a sans doute comptĂ© dans la connotation pĂ©jorative liĂ©e Ă la notion de culture jeune ». Enfin, une mise en perspective historique et critique de ce phĂ©nomĂšne devrait insister sur les diffĂ©rentes formes de rĂ©sistance Ă cette culture jeune rĂ©sistances internes qui sâaffirment au cours des annĂ©es 68 » avec une contre-culture jeune » qui valorise Ă la fois lâengagement politique et les modĂšles de lâunderground ; rĂ©sistances externes qui ont longtemps lĂ©gitimĂ© les dispositifs mis en avant par lâĂtat et les rĂ©seaux associatifs en direction dâune Ă©ducation artistique et culturelle de la jeunesse. La question des pratiques culturelles de la jeunesse renvoie ainsi aux grandes problĂ©matiques de lâhistoire culturelle du temps prĂ©sent la place respective des industries culturelles et du secteur public, la mondialisation et lâamĂ©ricanisation croissantes de la production, lâapparente contradiction entre une diffusion de masse et une individualisation de la rĂ©ception. Câest pourquoi la culture jeune » est non seulement un objet lĂ©gitime, mais aussi un observatoire prĂ©cieux des rapports que les sociĂ©tĂ©s contemporaines entretiennent avec leurs cultures. Haut de page Notes 1 Voir Yolande Cohen, Les Jeunes, le socialisme et la guerre. Histoire des mouvements de jeunesse en France, Paris, 1989. 2 Voir notamment François Audigier, GĂ©nĂ©ration gaulliste. LâUnion des jeunes pour le progrĂšs, une Ă©cole de formation politique 1965-1975, Nancy, 2005. 3 Cf. Thierry CrĂ©pin, âHaro sur la gangster !â. La moralisation de la presse enfantine 1934-1954, Paris, 2002. 4 Cf. Jean-Yves Sabot, Le Syndicalisme Ă©tudiant et la guerre dâAlgĂ©rie lâentrĂ©e dâune gĂ©nĂ©ration en politique et la formation dâune Ă©lite, Paris, 1995. 5 Voir Laurent Besse, Les Maisons des jeunes et de la culture 1959-1981 Etat, association, municipalitĂ©s, thĂšse, Univ. de Paris-I, 2004. 6 Voir, sur ce point, la mise au point de Jean-François Sirinelli, Le coup de jeune des sixties », Jean-Pierre Rioux et Jean-François Sirinelli dir., La Culture de masse, de la Belle Ăpoque Ă nos jours, Paris, 2002. 7 CitĂ© par Michel Winock, Chronique des annĂ©es soixante, Paris, 1990, p. 99. 8 Idem, p. 101-102. 9 Edgar Morin, LâEsprit du temps, Paris, 1962. 10 Paul Yonnet, Jeux, modes et masses, 1945-1985, Paris, 1985. 11 Voir les travaux dâArmand Mattelart, notamment La Communication-monde. Histoire des idĂ©es et des stratĂ©gies, Paris, 1992. 12 Cf. François Dubet, La GalĂšre. Jeunes en survie, Paris, 1987. 13 Cf. Denis Cogneau et Olivier Donnat, Les Pratiques culturelles des Français, 1973-1990, Paris, 1990 14 Cf. P. Bourdieu dir., La MisĂšre du monde, Paris, 1993. Le succĂšs de cet ouvrage, qui fait la part belle Ă des figures de jeunes dĂ©classĂ©s ou en situation dâĂ©chec, souligne cette influence au cours des annĂ©es 1990. Notons que, dĂšs 1964, Bourdieu a mis en Ă©vidence les inĂ©galitĂ©s socio-culturelles au sein de la jeunesse Pierre Bourdieu et Jean-Claude Passeron, Les HĂ©ritiers, les Ă©tudiants et la culture, Paris, 1964. 15 Voir, par exemple, les travaux de Bernard Lahire, La Culture des individus dissonances culturelles et distinction de soi, Paris, 2004. 16 Une vision synthĂ©tique est proposĂ©e par Philippe Poirrier, Les Enjeux de lâhistoire culturelle, Paris, 2004. 17 M. Crubellier, LâĂcole rĂ©publicaine 1870-1940. Esquisse dâune histoire culturelle, Paris, 1993 18 Th. CrĂ©pin, op. cit. 19 Voir notamment la thĂšse de Jean-Claude Caron GĂ©nĂ©rations romantiques 1814-1851. Les Ă©tudiants de Paris et le quartier latin, Paris, 1991, la synthĂšse de Didier Fischer LâHistoire des Ă©tudiants en France de 1945 Ă nos jours, Paris, 2000 et la crĂ©ation en 1995 du GERME Groupe dâĂ©tude et de recherche sur les mouvements Ă©tudiants. 20 L. Bantigny, Le Plus bel Ăąge ? Jeunes, institutions et pouvoirs en France des annĂ©es 1950 au dĂ©but des annĂ©es 1960, thĂšse, IĂP de Paris, 2003. 21 Sirinelli, Les Baby-boomers. Une gĂ©nĂ©ration 1945-1969, Paris, 2003 ; Sohn, Ăge tendre et tĂȘte de bois. Histoire des jeunes des annĂ©es 1960, Paris, 2001. 22 Rioux et Sirinelli dir., La Culture de masse [âŠ], op. cit. 23 Voir JĂ©rĂŽme Bourdon, Haute fidĂ©litĂ©. Pouvoir et tĂ©lĂ©vision 1935-1994, Paris, 1994 ; HĂ©lĂšne Eck, La Radiodiffusion française sous la IVe RĂ©publique. Monopole et service public aoĂ»t 1944-dĂ©cembre 1953, thĂšse, Univ. de Paris-X-Nanterre, 1997. 24 Citons notamment les travaux de Ludovic Tournes sur lâindustrie du disque et les phĂ©nomĂšnes dâacculturation dans le domaine de la musique populaire L. Tournes, New OrlĂ©ans sur Seine. Histoire du jazz en France, Paris, 1999. 25 Mischka Assayas dir., Dictionnaire du rock, Paris, 2001. 26 Cette thĂ©matique a Ă©tĂ© abordĂ©e prĂ©cocement par les historiens, dans la foulĂ©e de Mai 68. Voir, par exemple, Aline Coutrot, Jeunesse et politique. Guide de recherches, Paris, de page Pour citer cet article RĂ©fĂ©rence papier Mathias Bernard, La "culture jeune", objet dâhistoire ? », SiĂšcles, 24 2006, 89-98. RĂ©fĂ©rence Ă©lectronique Mathias Bernard, La "culture jeune", objet dâhistoire ? », SiĂšcles [En ligne], 24 2006, mis en ligne le 20 fĂ©vrier 2014, consultĂ© le 25 aoĂ»t 2022. URL ; DOI de page Auteur Mathias BernardCHEC, UniversitĂ© Blaise PascalArticles du mĂȘme auteur MĂ©moires et miroirs Haut de page Droits dâauteur Tous droits rĂ©servĂ©sHaut de page
Des spots jaune et bleu sâagitent dans tous les sens. La tension monte. Dans la salle, les 28 000 fans commencent Ă crier. Soudain, des feux dâartifice jaillissent de la scĂšne, illuminant sept hommes jeunes qui se mettent Ă danser. La foule Ă©tait en dĂ©lire ! CâĂ©tait encore plus impressionnant que le concert de Madonna ! », se souvient la sociologue Sylvie Octobre. ChorĂ©graphies, chants, costumes Ă paillettes, confettis et autres pyrotechnies. Nous sommes en 2018, Ă lâAccorHotels Arena de Paris. Les deux premiers concerts en France du groupe BTS se jouent Ă guichets fermĂ©s. Un an plus tard, Ă Cannes, Bong Joon-ho reçoit la Palme dâor pour son film Parasite. Câest la premiĂšre fois quâun Sud-CorĂ©en remporte ce prix. ConsĂ©cration quelques jours plus tard il repart avec quatre statuettes de la cĂ©rĂ©monie des Oscars.
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